Revue L’homme et la société (Web), Numéro coordonné par Claude Didry, Monique Selim et Claudie Weill
Deadline: 15.09.2012
Associés, les deux termes, sexe et politique, ouvrent un vaste champ de réflexion que l’actualité a brutalement remis sur le devant de la scène, enjoignant, pour comprendre le présent, à revisiter ses multiples déclinaisons. Sexe et politique s’articulent en effet sur de nombreux plateaux idéologiques, historiquement situés et aux résonances contrastées. Les liens entre formes de sexualité et modes de domination politique ont ainsi nourri l’inspiration freudo-marxiste des décennies 1950/1960. Le mouvement féministe, dans les années 1970 a reformulé la coagulation du sexe et du politique en luttant pour que le corps des femmes cesse d’être la propriété de l’État et des hommes et leur soit restitué dans toutes ses dimensions sexuées et générales. La fin de la guerre froide et les croisades humanitaires avaient laissé croire que dans les anciennes démocraties industrielles le politique avait été définitivement délié de ses avatars sexuels de toutes sortes. La barbarie des tyrans assoiffés de vierges aurait été refoulée vers des sphères lointaines dans la Chine maoïste ou dans les terres musulmanes, où les horreurs sidérantes perpétuées par les despotes déchus s’étalent cependant encore aujourd’hui dans les médias.
Et pourtant, sexe et politique ont refait ensemble une irruption fracassante dans le monde globalisé, au sein même de ses organes de « bonne gouvernance ». Dès lors, une autre trame s’est fait jour appelant à dénoncer une violence sexuelle masculine irrépressible et omniprésente. Derrière la centralité du viol qui incontestablement perdure partout et dans toutes les classes sociales, seraient retissées dans l’imaginaire des positions d’assignation pérennes des femmes aux rôles naturalisés de victime. La problématique de leur consentement s’en voit réactualisée souvent avec justesse mais parfois dans des termes extrêmes d’assimilation de tout acte sexuel à une domination hégémonique et forcluante. Dans ce théâtre fantasmatique fascinant c’est la figure même du désir qui paraît pouvoir être expulsée. Quel sens donner alors à cette éradication symbolique dans un monde saturé par le(s) marché(s) et la consommation hédoniste.
Ce numéro de L’homme et la société souhaite — bien au-delà du postulat désormais bien institué que le sexe est politique — interroger et confronter sous différents angles et à des époques variées les constructions idéologiques qui ramènent la sexualité sur la scène du politique : ces constructions mobilisent le capital symbolique des sociétés mais le transforment sous l’effet des imaginaires qui visent à dépasser les situations socioéconomiques et politiques. La conjoncture présente de crise — qui édifie l’altérité en négativité radicale — est particulièrement propice à la réflexion : les débats sont nombreux qui font de la sexualité un enjeu politique majeur sur des champs aussi contrastés que la prostitution, la sexualité précoce des petites filles, la pédophilie, l’homoparentalité, etc. Quels sont les termes et les contradictions internes à la somme de ces débats prise comme une totalité significative et un symptôme du politique et de la politique au présent ?
Sexe et politique convoquent donc philosophes, historiens, sociologues, politologues, économistes, anthropologues et psychanalystes à questionner et penser ensemble leurs strates innombrables et plurivoques parce qu’aliénation et émancipation s’enchevêtrent lorsque le sexe s’invite à la table du et de la politique
Les articles sont à envoyer avant le 15 septembre 2012 au secrétariat de rédaction de L’homme et la société :
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