CfP: Colloque international: Genre, journalisme et presse écrite. Place et production des femmes et des hommes dans la presse, 10-11 avril 2008, Rennes

Colloque international organisé par le CRAPE (Centre de Recherches sur l’Action Politique en Europe)

Datum: 10-11 avril 2008
Ort: l’IEP de Rennes
Einreichefrist: 15.09.2007

Si le constat de la place croissante des femmes dans les médias est largement partagé, l’analyse de ce phénomène doit être approfondie, ses mécanismes et surtout ses effets méritent d’être questionnés. Cette journée d’étude vise donc d’une part à appréhender de manière détaillée la position relative des femmes et des hommes dans les différents secteurs de la presse, les types de rédactions, les spécialités thématiques et positions de pouvoir, et d’autre part à s’interroger sur les éventuelles transformations de la production journalistique que la féminisation engage ou accompagne, et plus généralement sur les enjeux et effets des rapports de genre dans les rédactions et dans la production journalistique.

En effet, parallèlement à l’accroissement numérique de la profession (+23% en dix ans, entre 1997 et 2006, d’après les données affichées sur le site de la Commission de la carte d’identité de journalistes professionnels. ), et à l’augmentation du niveau de diplôme moyen des journalistes, on assiste à une féminisation du journalisme. Les femmes représentent aujourd’hui 43,0% des titulaires actuels de la carte de presse (contre 38,0% en 1997) et même 53,1% des personnes déposant une première demande. Cependant, de nombreuses inégalités entre les sexes persistent au sein de la profession : les femmes journalistes sont plus souvent demandeurs d’emploi que les hommes (4,5% contre 3,7%), pigistes (22,1% contre 16,1%), mais beaucoup plus rarement directrices de publication (0,5% contre 2,1%). Au delà de ces données générales concernant l’ensemble des médias, comment affiner l’analyse de la place des femmes et des hommes dans la presse écrite ? Quels sont les différents mécanismes qui aboutissent au maintien de ces écarts sexués ? Il s’agit notamment de se demander si l’accès des femmes aux positions les plus dominées de l’espace journalistique est le seul – ou le principal – élément d’explication ou si, et comment, d’autres facteurs de spécialisation entrent en ligne de compte. La position spécifique de certains secteurs de la presse, et notamment de la presse féminine, de la presse magazine, ou des médias alternatifs, et la place particulière que les femmes y occupent pourront faire l’objet d’une attention particulière. L’enjeu sera aussi de saisir les mécanismes concrets qui interviennent ensuite dans l’affectation au sein des rédactions (secrétaire d’édition/reporter, spécialités thématiques, rédaction centrale/départementale/bureau isolé…) et dans les logiques de promotion et d’accès aux responsabilités.

Par ailleurs, il s’agit de s’interroger sur les effets de cette féminisation sur la production de la presse écrite, en questionnant les mécanismes de sexuation et la notion même de genre. Ce questionnement sociologique suppose probablement de renoncer à l’interrogation sur l’existence d’une « écriture féminine » ou d’une « spécificité » des femmes, pour déplacer le regard vers les mécanismes d’attribution sexuée des sujets et des spécialités (en les distinguant selon les secteurs de la presse, généraliste, magazine et féminine par exemple) et vers les rapports au genre engagés par les hommes comme par les femmes dans leur activité rédactionnelle. Quelle est la part de l’auto-affectation des femmes à des thématiques préconstruites comme féminines, et la part des assignations hiérarchiques ? Les lignes de partage des genres sont-elles figées ou varient-elles dans le temps et dans l’espace ? Les usages des thématiques féminines sont-ils uniformément conformes aux modèles dominants ou peuvent-ils laisser place à certaines forme de déplacement ou de subversion des codes sexués ? Dans quelle mesure l’anticipation de représentations sexuées du lectorat entre-t-elle en ligne de compte, ainsi que les attentes supposées des annonceurs ?

Les communications présentées lors de ce colloque international tenteront, à partir d’enquêtes de terrain dans la presse écrite et/ou d’analyses de contenu, de mettre au jour la manière dont ces logiques de genres influent sur le travail journalistique au niveau éditorial et/ou organisationnel, en s’attachant à explorer les axes suivants :
– La répartition hommes-femmes dans les différents secteurs de la presse écrite, les mécanismes de distribution genrés et leur évolution, en lien avec les transformations morphologiques du journalisme ;
– Les enjeux sexués de la gestion des ressources humaines, de l’accès aux responsabilités et des rapports de pouvoir au sein des entreprises de presse, en relation avec les évolutions de la réglementation, les transformations structurelles de la presse et la configuration des marchés lectoral et publicitaire des différents secteurs ;
– La question du genre des rédacteurs et de l’attribution des spécialités journalistiques, les mécanismes de construction de l’expertise, en liaison avec la construction sociale des qualités dites féminines ou masculines.

Un comité de lecture procèdera à la sélection courant octobre 2007. Les résumés des communications devront être remis en février 2008 et les textes définitifs en mars 2008. Les communications présentées lors de la journée d’études pourront faire l’objet d’une publication.

Les propositions, d’une page maximum, accompagnées d’un court CV, sont à adresser aux organisatrices : Béatrice Damian-Gaillard (damian[at]univ-rennes1.fr), Cégolène Frisque (cegolene.frisque[at]univ-nantes.fr) et Eugénie Saitta (eugeniesaitta[at]yahoo.fr), au plus tard le 15 septembre 2007.

URL des Calls: http://www.gendercampus.ch

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