Numéro spécial de la revue Temporalités (Ed. Octares) N° 9, publication fin 2008
Coordonné par Marc Bessin et Corinne Gaudart
Les questions temporelles sont centrales dans la manière dont la critique féministe du travail et de l’activité en a proposé un tout autre mode d’interprétation à partir d’une considération de l’ensemble des sphères d’activité et de leurs relations. Elle a d’abord insisté sur l’exploitation des femmes basée sur l’invisibilisation du travail domestique dans la sphère privée, puis sur le rapport au temps qu’engendre cette assignation des femmes, les situant dans une disponibilité temporelle permanente. Leur inscription simultanée dans de multiples espaces-temps différents, aux contraintes souvent contradictoires, leur fait peser la responsabilité de la synchronisation et de la gestion quotidienne (matérielle et idéale) des rythmes temporels de l’ensemble des proches. Cette gestion de la vie en deux est devenue caractéristique de l’expérience des femmes rentrées massivement dans l’activité salariée. Le système de genre repose sur cette construction du rapport au temps : la naturalisation des compétences dites féminines s’appuie sur une temporalité basée sur le rapport à l’autre (responsabilité, attention, anticipation, souci, en bref ce qu’englobe le care). Prolonger cette problématisation du genre à partir des rapports au temps et de ses modes de gestion permet d’appréhender les enjeux des transformations contemporaines de l’activité.
Nous voudrions dans ce numéro approfondir le rapport étroit entre les conceptualisations du temps et du genre, pour interroger les évolutions actuelles des activités telles qu’elles s’articulent entre différentes sphères notamment professionnelles et familiales. Il s’agirait de comprendre comment ces évolutions affectent directement le système de genre en déplaçant les modalités d’interaction de ces différentes sphères d’activité. Par exemple, en quoi la flexibilité du travail, la précarité qu’elle engendre, et plus largement l’intensification à l’œuvre ont-elles des incidences sur ce qui est mobilisé dans l’activité ? En quoi modifient-elles ce qui est attendu des compétences demandées dans tel ou tel secteur ? Maintiennent-elles ou transforment-elles les modes sexués d’assignations à l’œuvre dans tel ou tel métier ? Les logiques économiques contribuent parfois à des processus de mixité dans certains secteurs professionnels sans pour autant s’interroger sur les transformations qu’ils supposent dans l’activité. De même les revendications politiques d’égalité entre les sexes ont-elles examiné les changements implicites de l’activité induits par la focalisation sur les sex-ratios au détriment des logiques de genre ? Plus largement, l’activité pourra être abordée sous l’angle des parcours sexués : les formes d’engagement dans les sphères publiques et privées traduisent un système de genre qui se transforme au fil du temps (historique et/ou biographique). Les articles centrés sur ces différentes facettes du temps de l’activité contribueraient ainsi à éclairer les réelles transformations ou les simples métamorphoses des rapports sociaux de sexe.
Ce numéro thématique de la revue Temporalités sur les temps sexués de l’activité s’ouvre à toute contribution émanant des sciences sociales et humaines (Cf. consignes aux auteurs de la revue). Les auteur-e-s devront prendre contact avec les coordinateurs du numéro (bessin#ehess.fr et corinne.gaudart#cee.enpc.fr) pour déclarer leur intention au plus vite et leur fournir une première version de l’article pour le 10 mai 2008.
http://www.gendercampus.ch/C5/Call%20for%20Papers/default.aspx